« Je produis une quinzaine de légumes pour l'industrie »
Depuis qu’il a repris l’exploitation en 2007, Jacques Cordroc’h a nettement diversifié ses productions de légumes.
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« J’avais fait le tour des petits pois, haricots et carottes, assez basiques à produire pour un légumier quand on nous en donne les moyens », souligne Jacques Cordroc’h, agriculteur à Arzano, dans le Finistère. Il produit désormais des céleris-raves et branches, des épinards, des crucifères et autres cucurbitacées pour Eureden (1). Sans élevage, ce panel diversifié de cultures apporte plus de marge que le blé et le maïs, présents eux aussi sur l’exploitation. Les légumes sont, de plus, techniquement plus intéressants à suivre. Et avec deux salariés et un apprenti, cela lui permet aussi d’étaler le travail tout au long de l’année.
Doubles cultures
« Pour décider des emblavements pour l’année à venir, je m’appuie sur les trois techniciens qui me suivent, stipule Jacques Cordroc’h. Tous les ans, l’usine indique ses besoins, ce qui peut faire évoluer l’assolement. » Avec autant de cultures, il faut être particulièrement vigilant sur la rotation, et diversifier au maximum les familles de plantes. Par exemple, pour diminuer le risque sanitaire, les cultures ne reviennent en moyenne que tous les 5-6 ans sur une même parcelle, et les petits pois tous les 7 ou 8 ans. Et il lui arrive d’ailleurs d’échanger des parcelles avec des voisins pour rallonger la rotation. Mais compte tenu du nombre de légumes présents, la rotation est naturellement allongée.
Quand il le peut, Jacques cultive les plantes de la même famille par îlot. Par exemple, les crucifères (brocolis, chou-fleur, navet…) ou les ombellifères (carottes, céleris, persil…) se retrouvent ensemble. Avec des cycles de végétation très courts, il a de plus la possibilité de mettre en place des doubles cultures. C’est notamment le cas après les épinards de printemps, qui sont semés à la fin de février et récoltés en mai.
Derrière, Jacques Cordroc’h peut planter du céleri-branche ou du chou-fleur. Ou encore après petits pois, semer des haricots. « Ça serait dommage d’attendre l’automne alors que les parcelles peuvent être utilisées tout l’été avec d’autres légumes. Mais cela n’est possible que parce qu’il y a l’irrigation sur la ferme ! », appuie-t-il.
Les deux sites de l’exploitation sont en effet équipés de plans d’eau avec forages. « Eh oui, même en Bretagne, ils sont nécessaires à l’aboutissement de nos cultures ! », insiste-t-il. C’est pourquoi des sondes capacitives sont mises en place. Via une application sur son téléphone, Jacques peut piloter l’irrigation car elles permettent de mesurer l’eau disponible et de caler l’irrigation en fonction des cultures.
« L’irrigation est notamment nécessaire à l’implantation. Certaines cultures comme le céleri, la carotte ou l’épinard en ont davantage besoin en fonction des années », informe l’agriculteur. Durant l’été 2022, il y a eu des restrictions d’usage de l’eau avec des interdictions en journée. Elles l’ont obligé à apporter les quantités d’eau sur deux soirées ou à les réduire à 15 mm (au lieu de 20-25 mm), ce qui a pu impacter les rendements. « Cette année, aucune réserve n’a été vide et les forages ont très peu tourné. En revanche, nous avons arrosé pour la première fois le céleri-branche en octobre ! », constate Jacques Cordroc’h.
Désherbage compliqué
Au fil des années, il y a eu des pertes de matières actives sur légumes, qui sont des cultures mineures. « Les principales impasses concernent le désherbage », estime Jacques Cordroc’h. D’ailleurs, même les grandes cultures qui permettaient auparavant de « nettoyer » le terrain dans la rotation sont en partie concernées. Alors, l’agriculteur, également à la tête d’une ETA, a investi dans une bineuse. Elle peut être utilisée sur toutes les cultures sauf les épinards, mais dans les faits, elle sert davantage sur crucifères, céleris et carottes.
Son utilisation fait toutefois remonter les cailloux, ce qui pose problème pour les récoltes faites à la machine. Son passage peut aussi faire relever des adventices comme les amarantes ou les chénopodes. En outre, certaines d’entre elles sont très problématiques, comme la morelle ou le datura. Jacques insiste : « Ce sont des plantes toxiques qui ne doivent en aucun cas se retrouver dans les conserves ou surgelés. Il faut donc souvent repasser pour arracher ces mauvaises herbes à la main. »
(1) Groupe agroalimentaire coopératif.
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